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eric zemmour - Page 2

  • Feu sur la désinformation... (373)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      La campagne présidentielle semble remuer violemment le président sortant Emmanuel Macron. Son déplacement à Denain nous a donné une image très drôle !
    • 2 - Marine Le Pen re-diabolisée par les médias ?
      Eric Zemmour semble avoir servi de paratonnerre à Marine le Pen pendant la campagne du premier tour, attirant sur lui les ires et les foudres du système médiatique. La candidate du Rassemblement national est-elle en passe d’être à nouveau diabolisée par le cartel des médias ?
    • 3 - Revue de presse
      Marine Le Pen épinglée par la presse sur ses chiffres de l’immigration, un tireur pro-Black Lives Matter à Brooklyn, 3 filles excisées dans la Sarthe, une production théâtrale pédophile à Londres, l’envoi douteux de mails de campagne au corps enseignant par Macron.
    • 4 - Médias et politique, relations tendues
      Depuis que Marine le Pen a refusé d’accréditer "Quotidien" à ses meetings, la polémique bat son plein. Les journalistes se sentent menacés par les candidats et vice-versa. Analyse d’une relation tendue entre médias et politiques.

     

                                              

     

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  • Le Pen et Zemmour : ni le même électorat ni la même stratégie !

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'élection présidentielle et le duel Marine Le Pen et Eric Zemmour.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (Pierre-Guillaume de Roux, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

     

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    Alain de Benoist : « Le Pen et Zemmour n’ont ni le même électorat ni la même stratégie ! »

    Nous sommes maintenant à deux mois de l’élection présidentielle et, déjà, se dessinent au moins deux lignes politiques à la droite de la droite : celle d’Éric Zemmour et celle de Marine Le Pen. Quelles sont vos préférences personnelles ? Comment analysez-vous la situation ?

    Les préférences personnelles nourrissent les dîners en ville, mais n’ont aucune importance lorsqu’il s’agit d’analyser les rapports de force. Si l’on veut parler sérieusement de la prochaine élection présidentielle, il faut se rappeler, d’abord, que dans une telle élection, on ne vote pas pour un parti mais pour une personnalité, ensuite qu’il ne s’agit pas d’un concours de beauté mais d’un scrutin où, pour être vainqueur, il faut réunir au moins 50 % des suffrages plus une voix. Les sondages peuvent y aider, en sachant qu’ils ne permettent que très imparfaitement de faire des pronostics, puisqu’ils ne nous renseignent que sur les résultats possibles de l’élection au moment où ils ont été faits. Les campagnes présidentielles sont généralement riches en surprises de toutes sortes : en deux mois, beaucoup de choses peuvent changer.

    Le fait principal, aujourd’hui, est qu’Éric Zemmour n’est pour l’instant pas parvenu à se qualifier pour le second tour. Sachant qu’Emmanuel Macron campe sur un socle de 24-25 % des voix, la lutte décisive devrait donc opposer Valérie Pécresse et Marine Le Pen pour savoir qui d’entre elles sera présente à ce second tour. Le principal atout de Pécresse est la candidature de Zemmour, qui a été une « divine surprise » pour les LR : sans cette candidature, Pécresse n’aurait eu aucune chance d’être au second tour. Son principal handicap est un électorat mobile, qui peut rapidement fluctuer à son détriment.

    À l’heure actuelle, Marine Le Pen mène par rapport à Pécresse, avec 17-18 % des voix contre 16-17 % (Zemmour plafonnant à 12-14 % des voix). Si elle est présente au second tour, les sondages la créditent de 46 % face à Macron (contre 37 % à Zemmour), ce qui est considérable puisqu’en 2017, elle n’avait obtenu au second tour que 34 % des voix. Si l’on s’en tient à ces chiffres, une victoire de Marine Le Pen est donc possible, sans pour autant être probable, tandis qu’une victoire de Zemmour paraît exclue. Tel est le rapport des forces aujourd’hui

    Fondamentalement, selon vous, qu’est-ce qui distingue Zemmour et Marine Le Pen ?

    Au-delà des différences de tempérament et de personnalité, et même des différences de programme, c’est qu’ils n’ont ni le même électorat ni la même stratégie.

    Marine Le Pen s’appuie principalement sur les classes populaires, c’est-à-dire sur les milieux qui ne s’inquiètent pas seulement de leur insécurité culturelle, mais aussi de leur insécurité sociale : les menaces qui pèsent de plus en plus sur leur pouvoir d’achat les préoccupent tout autant que l’immigration et l’insécurité, dont elles sont les premières victimes. C’est la France des gilets jaunes, la France « périphérique », victime de la précarité et de l’inflation, qui ne parvient plus à boucler ses fins de mois, préoccupation qui n’est guère celle des électeurs de Zemmour. Pour l’essentiel, ces derniers appartiennent en effet à la bourgeoisie, aux milieux catholiques-conservateurs et nationaux-libéraux qui formaient déjà, en 2017, la majorité des électeurs de François Fillon (60 % de retraités aisés).

    Les différences stratégiques en découlent. Marine Le Pen s’emploie à construire un « bloc populaire » – par opposition au « bloc élitaire » – dont le politologue Jérôme Sainte-Marie et le sociologue Christophe Guilluy, mais aussi Patrick Buisson, ont très bien dessiné les contours. Une telle stratégie repose sur l’idée que le clivage gauche-droite, dont tous les sondages montrent l’affaiblissement (70 % des Français estiment qu’il ne correspond plus à rien, puisque les gouvernements « de droite » et « de gauche » pratiquent tous la même politique), est de plus en plus remplacé par un nouveau clivage opposant le peuple enraciné aux élites mondialisées (les somewhere et les anywhere dont parle David Goodhart), la classe politique hors-sol et les Français attachés à leur sociabilité propre et à leur droit à la continuité historique.

    Éric Zemmour cherche, au contraire, à rétablir le clivage gauche-droite en prônant l’« union des droites » (une union qui ne comprend toutefois ni les LR ni le RN). C’est dans cet esprit qu’il espère séduire à la fois les classes populaires et la « bourgeoisie patriote ». Mais c’est une tâche difficile. Outre que l’union des droites, dont on parle depuis plus d’un siècle, ne s’est jamais réalisée car les droites en question n’ont pas la même conception de l’homme ni de la société (comme l’ont montré d’innombrables études de science politique), Zemmour aura beaucoup de mal à convaincre la France périphérique que ses intérêts sont les mêmes que la France des beaux quartiers. Comme le disait ici même Jérôme Sainte-Marie, « vouloir additionner la bourgeoisie patriote et les classes populaires revient à demander à ces dernières de se solidariser des classes dominantes ». Les classes populaires, de surcroît, connaissent peu Zemmour, qu’elles considèrent souvent comme un simple polémiste parisien.

    Les ralliements que Zemmour a enregistrés récemment (Damien Rieu, Jérôme Rivière, Gilbert Collard, etc.) peuvent-ils changer la donne ?

    Certainement pas. Ils n’ont d’ailleurs pas fait bouger les sondages. Ce genre de choses n’intéresse que le micro-milieu politico-médiatique parisien. Pour la France profonde, ces transfuges sont des inconnus.

    Et les autres candidats ?

    À gauche, comme on le sait, c’est le grand marasme. Un combat de naines et de nains. Après la mascarade de la « Primaire populaire », Christiane Taubira, qui prétend unir la gauche comme Zemmour veut unir la droite, en ajoutant sa candidature à celles qui existaient déjà, prendra sans doute quelques électeurs à Yannick Jadot mais ne devrait pas dépasser 5 %. Fabien Roussel tente de relancer un populisme de gauche, créneau que Mélenchon a abandonné pour se rallier à l’indigénisme, mais il revient de trop loin pour espérer recueillir plus de 4-5 % des voix. Mélenchon peut monter, car c’est dans les campagnes électorales qu’il est le meilleur, mais pour l’heure il plafonne à moins de 10 %. Quant aux écologistes, qui pâtissent du désastreux bilan de leurs mairies, ils devraient atteindre à peine 8 %. On peut regarder ces querelles picrocholines comme l’entomologiste observe les insectes, mais il ne fait pas de doute qu’en avril prochain, c’est dans le camp d’en face que tout se jouera.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 3 février 2022)

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  • Feu sur la désinformation... (363)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Ophélie Meunier, présentatrice de Zone Interdite, est menacée de mort sur les réseaux sociaux suite à la diffusion d'un documentaire sur l'islamisme radical. Les journalistes lui ont-ils apporté leur soutien ?
    • 2 - Mensonges, diffamations : Marion Maréchal répond !
      Marion Maréchal est attaquée de part en part par la caste journalistique pour son potentiel rapprochement avec Zemmour. Tous l'accablent et l'accusent d'être une cheffe d'entreprise ratée. Qu'en est-il vraiment ? Elle a accepté de répondre à nos questions par téléphone.
    • 3 - Revue de presse
      Scandale Orpéa, manipulations télévisées et fausse croissance. Jean-Yves Le Gallou revient sur l'actualité médiatique de la semaine.
    • 4 - Convoi pour la Liberté : oubli de la presse française ?
      Des dizaines de milliers de routiers et manifestants canadiens ont décidé de se retrouver à Ottawa le week-end dernier pour protester contre l'adoption du passe vaccinal par l'état fédéral canadien. Une nouvelle internationale importante que nos médias ont sciemment occultée.

     

                                              

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  • Zemmour et les cinq cents signatures...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Rodolph Cart, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la candidature d'Eric Zemmour à l'élection présidentielle.

     

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    Pourquoi il ne faut pas qu’Éric Zemmour ait ses 500 signatures

    Le ticket à la grande parade présidentielle coûte cher. Certains s’en plaignent, et pas des moindres. En effet, depuis plusieurs semaines, quelques candidats parmi les plus sérieux – en l’occurrence Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen – se plaignent de rencontrer des difficultés dans la récolte des fameux sésames. De peur d’être mis sur le carreau de la bacchanale républicaine qu’est l’élection présidentielle, chacun à tour de rôle relève une « situation de blocage », un « bluff » ou une « galère » du système qui permettraient, selon eux, d’opérer une épuration injuste des candidatures « hors système ».

    Si ces jérémiades semblent faire partie de la guignolade victimaire et habituelle des candidats de La France insoumise ou du Rassemblement national, la chose paraît moins feinte dans le cas du candidat de Reconquête qui pourrait, possiblement, ne pas récolter ses 500 signatures. Cependant, au lieu de voir dans cette situation un déni de démocratie, ne pourrions-nous pas apercevoir, dans ce camouflet, la lueur d’une formidable opportunité d’émergence d’une opposition au système en place qui dépasserait, de loin, une candidature qui semble perdue d’avance ? Et est-ce que la mise au ban du candidat Zemmour ne pourrait-elle pas dépasser, et même décupler, les effets d’une candidature de témoignage censée préparer le terrain pour 2027 ou 2032 ? Penchons-nous sur cette possibilité.

    État des lieux du paysage politique

    Pour bien comprendre l’enjeu de ce moment politique, il nous faut revenir sur quelques chiffres. D’abord, les dernières élections régionales ont marqué une nouvelle étape dans l’absentionnisme, déjà croissant d’année en d’année, avec 66,72 % d’abstention lors du premier tour. Nous avons même une pointe chez les jeunes de 18 à 24 ans à 87 % et à peu près équivalente chez les bas-revenus. Rappelons aussi qu’aux dernières législatives, le taux d’abstention atteignait déjà des records avec 51,3 % au premier tour, puis 57,36 % au second. La fracture entre le pouvoir politique et des citoyens ne se sentant plus représentés ne datent par conséquent pas d’hier. Autre chiffre parlant, les trois principaux candidats opposés au président sortant, ceux qui rencontrent des difficultés pour les parrainages, représentent près de la moitié des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle actuelle. L’éviction de ces candidats pourrait donc renforcer cet écœurement légitime de l’opinion et porter, une fois de plus, un coup sérieux à cette pantomime qu’est la souveraineté populaire. Si même l’élection présidentielle voyait son taux de participation chuter en flèche, alors il est certain que l’empêchement et le refus de prise en compte de l’expression du peuple, consubstantiel au système actuel, seraient encore plus mis à jour et flagrants. La sous-représentation d’un bloc majoritaire et son effacement au moment de l’élection ne pourraient rester, encore longtemps, sans répercussions tangibles et sérieuses. Cet ersatz de démocratie fut déjà analysé par Christophe Guilluy lorsqu’il affirmait que « dans les stratégies électorales, les partis ne s’adressent plus qu’aux catégories supérieures et aux retraités ».

    Le mythe de la représentation

    Cette négation de la dimension populaire ne date pas d’aujourd’hui. En réalité, la République française, et cela dès son départ, s’appliqua à nier la moindre réclamation allant à l’encontre des dessins des élites bourgeoises. Elle se constitua comme l’ennemi du populisme dès son premier souffle. L’exclusion du peuple fut entérinée par la Convention de 1792 lorsqu’elle se constitua sur un corps électoral vierge de toute souche « prolétarienne ». Marx l’avait déjà constaté lorsqu’il analysait que la classe révolutionnaire par excellence était la bourgeoisie. De sorte que la Révolution n’aura été l’affaire que d’une minorité dont le Parti socialiste et les Républicains, lorsqu’ils votèrent en 2016 ensemble la modification de la loi durcissant l’accès à l’élection présidentielle, sont les dignes héritiers, tout comme le gouvernement Jacques Chirac, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, le fut aussi lorsqu’en 1976, il ouvrit la voie de la publicité des soutiens et de l’augmentation des signatures exigées de 100 à 500. Les lois de la République, depuis 1792 et jusqu’à aujourd’hui, n’ont jamais été que les desiderata d’une minorité agissante. Et le système républicain une machine excellemment pensée et instituée pour qu’elle puisse, selon la phrase de Paul Valéry, « empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde ».

    La souveraineté du peuple est donc limitée au jour du vote. Chose dont Rousseau dira, évoquant le peuple anglais : il « pense être libre ; il se trompe fort, il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement ; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien ». La République n’a jamais défendu la souveraineté populaire. Bien au contraire, elle en a été plutôt le fossoyeur, lui préférant la souveraineté parlementaire dont Sieyès était le prophète. De ce point de vue, l’obstruction à la candidature d’Éric Zemmour, si elle devait s’avérer effective, ne ferait que raviver dans l’esprit des citoyens le souvenir d’un lien rompu depuis bien longtemps. Tant il est vrai que la scission des élites et du peuple n’a rien d’un phénomène nouveau, l’objectif premier des Républiques consistant à se perpétuer dans le sillage de cette démocratie libérale, trompeuse, oligarchique.

    Seule peut-être la Ve du général de Gaulle, et uniquement à ses débuts (et non après ses nombreux travestissements constitutionnels), pourrait être considérée comme une rupture, en déphasage avec l’exclusion historique du peuple. L’élection présidentielle au suffrage universel pouvant alors être perçue comme la rencontre d’un homme et d’une majorité sous une forme plébiscitaire. Déjà à l’époque, les tenants du parlementarisme classique, les ancêtres de nos chers allergiques au peuple, percevaient cette onction du peuple comme la mort des libertés ou la possibilité de l’émergence de nouveaux Césars. Alors que quelques rares voix discordantes, comme celle de Maurice Duverger, y décelaient plutôt un ferment propice à la rénovation de nos institutions.

    Comment libérer le « souverain captif »

    Or, nous constatons, et cela même sous l’ère du suffrage universel, que des procédures d’exclusion et de neutralisation perdurent, alors que le vote censitaire a disparu. L’augmentation du nombre de signatures et la publicité qui en est donnée l’attestent ; elles ne peuvent être comprises que comme des modifications des règles du jeu aptes à toujours favoriser l’oligarchie et les partis complices du système. Si les régimes précédents, comme le Directoire, se fondaient sur un suffrage censitaire qui perdurera tout au long du XIXe siècle en excluant les « classes dangereuses » ; de nos jours, la combinaison du scrutin majoritaire et de l’abstention reproduit, en réalité, une situation similaire à celle des méthodes antérieures d’exclusion. Seule l’élection présidentielle résiste à cette désaffection croissante et à cette situation. Mais jusqu’à quand ?

    L’exclusion du candidat Zemmour pourrait bien être le point de bascule. Celui qui ferait de l’élection présidentielle, à partir de cet empêchement, une élection comme les autres, dès lors discréditée aux yeux des Français. Une élection réduite, au même titre que les scrutins intermédiaires, au rassemblement en petit comité des inclus, des habitants des métropoles mondialisées, des bourgeoisies de droite et de gauche, des retraités et des fonctionnaires reproduisant une élection censitaire de fait. Le rappel des chiffres de la dernière élection présidentielle, celle de 2017, sont éloquents. Macron fit 15 % au premier tour des inscrits, ce qui ne l’empêcha pas d’avoir la majorité absolue lors de l’élection législative qui suivit. Pendant ce temps, Le Pen, Mélenchon et Dupont-Aignan récoltaient 45 % des votants quand, aux législatives, l’addition des trois ne représentait que 4 % de la représentation nationale.

    L’élection présidentielle, par son haut taux de participation, demeure le dernier rituel de légitimation républicaine. Mais force est de constater que même ce dernier artifice, déjà si précaire comme les chiffres l’attestent, peine à dissimuler une démocratie-témoin qui tient dans les mains d’un petit nombre. Cette dernière et si fragile cérémonie de légitimation subira peut-être bientôt le même destin que les autres élections marquées par le désintérêt, l’indifférence et la dévalorisation – et l’éviction de Zemmour en serait alors l’accélérateur final. Si cette pente devait être suivie, la dernière « charpente républicaine », celle qui tient encore l’édifice républicain de cette « démocratie Potemkine » selon la formule de Patrick Buisson, pourrait ainsi se fracturer définitivement et dévoiler, à la vue de tout monde, l’incroyable supercherie qu’elle cache toujours plus périlleusement. L’ultime parade de l’apparence légale, derrière laquelle la classe dirigeante se cache pour asseoir son pouvoir, disparaîtrait pareil à un voile qui se lève. Le peuple serait directement confronté à la situation d’une captation minutieusement cachée : celle à laquelle une minorité se livre dans le seul but de privatiser les instruments de l’État au détriment du bien commun.

    L’échec d’Éric Zemmour à recueillir ses 500 signatures pourrait fournir cette dynamite capable de faire exploser ce dernier rempart qui fait obstacle à une confrontation ouverte entre le peuple et les élites républicaines. Une telle explosion, un tel dynamitage signifierait la libération du « souverain captif », à savoir la majorité du peuple français. L’illusion du vote, celui mis en place par la classe dirigeante pour se protéger de la tyrannie de la majorité de Tocqueville, volerait en éclat et supprimerait cette technique du miracle républicain dont Coleridge a pu dire qu’elle est « une suspension de l’incrédulité ». Nerf contre nerf, l’ère d’un basculement politique pourrait être, plausiblement, pris en compte comme une hypothèse sérieuse.

    La perte de légitimité

    La classe dirigeante a très bien compris cette situation. Les évocations du vote obligatoire, de la prise en compte du vote blanc ou du rassemblement des scrutins nous démontrent que la minorité au pouvoir a bien saisi ce « coup de semonce ». Au-delà de ces différentes pistes, la voie qui semble avoir été prise est celle de la gestion de la peur. Si le peuple ne se sent pas représenté, il faut, afin de maintenir un sentiment de légitimité, au moins qu’il sente que le gouvernement actuel est le seul capable de le protéger. Qu’il tâche d’incarner le parti de l’Ordre.

    Lors de la crise des Gilets jaunes, l’analogie entre Thiers et Macron fut particulièrement éclairante. À l’occasion d’une rencontre diplomatique organisée à Versailles, ce dernier n’hésita pas à prétendre que « Versailles, c’est là où la République s’était retranchée quand elle était menacée ». La République en revient donc à sa meilleure technique de gestion des crises qui repose sur la manipulation brutale du sentiment de la peur et l’envoi de la canonnière. Confronté à un bloc majoritaire reconnaissant de moins en moins la légitimité du pouvoir et face à des soulèvements sans précédent dans l’histoire récente, le pouvoir décida de miser sur la spéculation autour des peurs. Peur du retour de la peste brune, peur du populisme, peur du nationalisme, peur du souverainisme, peur de la crise économique, peur du racisme, peur de la pandémie, peur du réchauffement climatique, peur de l’islamisme, peur du repli sur soi… Or, jouer sur la peur pourrait bien s’avérer être une aventure risquée, qui pourrait, qui sait, se retourner contre le pouvoir lui-même. Avant, on proclamait qu’il ne fallait pas « désespérer Billancourt » ; la République actuelle, pour se maintenir, pourrait faire sien le slogan suivant : « Il faut terroriser la Métropole et écraser la Périphérie ».

    Le droit de commander et le devoir d’obéir

    Pour bien comprendre l’articulation, si difficile à saisir par bien des aspects, de la légitimité, entre le peuple et le gouvernement, il faut en appeler à un penseur italien, à cheval sur le XIXe et le XXe siècles, qu’est Guglielmo Ferrero. Pour lui, la légitimité du pouvoir politique ne tient que sur la peur réciproque, laquelle maintient une relation entre les gouvernants et les gouvernés. À évocation de cette idée du désir d’ordre dans une société, le penseur italien pouvait dire que « le pouvoir est à l’origine une défense contre les deux plus grandes frayeurs de l’humanité : l’anarchie et la guerre ». Mettant au centre de sa réflexion la notion de peur, il continuait en affirmant que « si les sujets ont toujours peur du Pouvoir auquel ils sont soumis, le Pouvoir a toujours peur des sujets auxquels il commande. […] Tous les Pouvoirs ont su et savent que la révolte est latente même dans l’obéissance la plus soumise, et qu’elle peut éclater un jour ou l’autre, sous l’action de circonstances imprévues. » De cette manière, il faut impérativement qu’il y ait un principe de légitimité reconnue entre les gouvernants et les gouvernés de sorte que « dans l’ordre politique, Caïn représente les hommes destinés à commander, Abel, ceux destinés à obéir ». Guglielmo Ferrero voyait quatre principes de légitimité pouvant opérer ce lien : principes héréditaire et aristo-oligarchique, puis le principe démocratique et le principe électif. Il aura cette belle formule sur la légitimité en disait qu’elle est ce qui « adoucit le pouvoir », ce qui établit le droit de commander et le devoir d’obéir.

    Ces quatre principes de légitimité peuvent se combiner et nous donnent, dans le cas de la Ve République après son pourrissement commencé sous VGE et accentué sous Mitterrand, une République démocratique à élections oligarchiques. Non pas aristocratique dans le sens des « meilleurs » mais bien oligarchique, et c’est là que réside une part du problème, puisque l’élection ne se fait que sur un principe électif limité, ou oligarchique, dans la réalité des faits. Effectivement, l’élection ne se fait qu’au sein de la classe dirigeante elle-même, car comment ne pas voir dans les primaires une analogie avec les candidatures officielles du Second Empire sous Napoléon III. L’élection présidentielle et l’élection législative n’ont-elles pas été basées, pendant plus de 30 ans, sur l’opposition entre deux forces politiques hégémoniques qui choisissaient elles-mêmes les candidats éligibles au sein d’un même vivier excluant la quasi-totalité des autres acteurs de la politique. Cette procédure de re-légitimation ne prend pas appui sur le peuple. « République du centre », « UMPS », « cercle de la raison », « cordon sanitaire » ou encore « alternance unique » sont les différentes appellations d’un même phénomène dont Macron sera l’incarnation parfaite avec le rassemblement, dans le cas de son électorat, de la bourgeoise de droite et de gauche. Macron personnifia la nécessité de dévoiler une partie de cette supercherie qui tenait de moins en moins. Il cassa la surface et la forme en prétextant être l’homme en dehors de cette entente cordiale qui simulait une opposition ; le tout pour mieux continuer, sur le fond, une politique qui réunit encore les deux bords. Le ralliement, lors du deuxième tour face à Marine Le Pen, des deux anciens partis derrière Macron comme un seul homme, en scella l’évidence.

    Sûrement l’élection de Macron, en 2017, était-elle déjà une défaite de l’oligarchie face au peuple puisqu’elle fit sauter un de ces remparts, dans son cas : celui de l’alternance fallacieuse des deux forces du centre, qui camouflait sa captation inique et privée du pouvoir. Ce n’est pas étonnant que le mandat de Macron marqua un durcissement de l’ensemble des politiques que l’UMP et le PS menaient de leur côté. L’emballement de la politique macroniste – autant par sa violence dans la répression que dans son empressement dans les réformes – fut le signe d’un affolement, d’une terreur et d’une acceptation à devoir jouer à visage découvert devant une situation dorénavant difficilement dissimulable.

    La non-présence d’Éric Zemmour à la présidentielle pourrait être cette brèche qui ferait tomber le dernier mur ; celle qui ferait définitivement basculer la relation de peur pour la projeter entièrement vers le gouvernement et la soustrayant au peuple, semblable au retournement de la relation entre le maître et l’esclave chez Hegel. Si une pareille rupture dans l’équilibre des peurs réciproques se produisait, alors nous serions à l’aube d’un cataclysme politique certain. Et il se pourrait, que cette fois-ci, Macron utilise vraiment cet hélicoptère qui était censé le mettre en sécurité lors des événements des Gilets jaunes.

    L’alliance de l’État solide et de l’État liquide

    Une chose est à noter : le système se défend bien et avec hargne. S’il est vrai que nous sommes en train de gagner le combat culturel, n’enterrons pas tout de suite un ennemi que l’on a tendance à parfois trop sous-estimer. Le système des démocraties libérales ne réside pas en la prépotence d’un État totalitaire comme le XXe siècle put nous en donner l’exemple. Au-delà de la forme traditionnelle que l’on peut lui connaître par ses attributs de puissances publiques (comme ceux du judiciaire, de l’administratif ou encore du maintien de l’ordre), sa force réside aussi dans sa « deuxième peau » qui regroupe les institutions qui cadenassent la société civile par leurs diverses emprises. Intellectuels organiques, médias, associations, monde universitaire ou encore l’ensemble des divers appareils politico-culturels encadrant les agents de la société civile avec une puissance de feu redoutable.

    On sait que Carl Schmitt reprocha à Hobbes d’avoir symbolisé l’État par la figure du Léviathan, monstre biblique marin, alors que l’appellation Béhémoth, monstre terrien, lui aurait mieux correspondu. Suivant cette remarque, si l’État « dur » et légal pourrait s’apparenter à cet État-Béhémoth, cette doublure de l’État « liquide » qui contrôlerait insidieusement la société civile pourrait être appeler État-Léviathan. Si la résistance à l’État-Béhémoth est rendue plus facile puisque celui-ci tient en des lieux précis, dans des autorités reconnaissables et par des actions identifiables ; la tentative de circonscrire les acteurs de l’État-Léviathan est rendue beaucoup plus difficile puisque l’ensemble des caractéristiques évoquées pour l’État-Béhémoth ne tiennent pas pour lui. Opacité, réseaux, groupes de pression ou d’influence, menace et même mise à mort sociale ou économique ; cette « viscosité », selon le mot de Sartre, de la société civile démontre qu’en plus du solide de l’État-Béhémoth, la démocratie libérale se protège aussi par des manières détournées lui permettant de contenir en amont la moindre contestation.

    Voilà pourquoi on peut penser, raisonnablement, que l’accession au pouvoir d’un homme comme Éric Zemmour sera extrêmement compliquée par la voie « royale », à tout le moins normale. Le véritable coup d’État judicaire auquel se heurta Fillion en est une parfaite démonstration. Ce n’est pas la simple conquête de l’État qui est à faire, mais bien aussi la victoire contre un État-Léviathan entièrement dévoué à la protection de sa chasse-gardée constituée des différents appareils hégémoniques du pouvoir.

    Que faire ?

    À ce niveau, il faut faire intervenir un autre penseur italien qu’est Antonio Gramsci. Esprit particulièrement incisif sur l’État, le penseur appela la constitution de cette union – celle qui est politique, culturelle, économique et juridique – entre les deux « États » et à laquelle il donna le nom de « bloc historique ». Gramsci nous en donne ensuite sa définition : « État = société politique + société civile, c’est-à-dire une hégémonie de coercition ». Le penseur italien avait parfaitement saisi cette doublure, déjà présente à son époque, même si quelques différences sont à relever. Si Gramsci nous parle de « fortifications » ou de « casemates » pour permettre cette défense de l’État, la protection actuelle semble avoir subi une transformation élémentaire du solide au liquide. C’est pour cela que François Bousquet, dans son livre Courage ! Manuel de guérilla culturelle, en conclut que les coups d’État bolchevique ou mussolinien, dont la technique fut décortiquée par Malaparte, sont dépassés. Cette transformation est d’autant plus redoutable qu’elle rend quasiment inopérant, et aussi vraisemblablement impossible, d’autres coups d’État, à l’ancienne, comme la grève, la prise des usines – la désindustrialisation est passée par là – ou encore le renversement direct des gouvernements par la force du type 18 Brumaire.

    La prise du pouvoir par l’élection présidentielle demeure, au vu de la puissance encore certaine de l’État-Léviathan, une chimère dont nous devrons contourner les obstacles encore insurmontables. Nous pouvons imaginer, et avec une assez grande précision, quels orages se soulèveraient et quels torrents de boue se déverseraient si un candidat comme Zemmour devait accéder au deuxième tour. L’État-Léviathan entrerait aussitôt en convulsion comme un poisson ridicule et frétillant sorti de l’eau. Le précédent Jean-Marie Le Pen, en 2002, doit nous servir de leçon. Zemmour finaliste, l’Armada de l’État-Léviathan se mettrait en branle pour mener une guerre totale contre un homme pouvant remettre en cause son hégémonie. Tous les spectres de la peur seraient agités dans un immense tohu-bohu destiné à conjurer le retour de la « bête immonde ».

    Étant toujours dans une position d’infériorité et d’asymétrie, la défaite serait assurée au soir du second tour. Nonobstant les diverses victoires dans les médias, pour la plupart éparses (on pense néanmoins à CNews ou à Bolloré), mais aussi dans l’opinion publique (en témoignent les sondages allant dans le sens de nos combats et marquant une prise de conscience des enjeux décisifs comme celui de l’immigration ou de la souveraineté), il n’en demeure pas moins que la guerre culturelle est loin d’être gagnée, sans même évoquer la guerre institutionnelle – celle de la prise des lieux importants et officiels de pouvoir et d’influence.

    Devant ce constat, François Bousquet propose que le combat soit mené selon une perspective de guérilla. S’il y a actuellement une guerre entre un faible et un fort, nous sommes encore le faible, que nous le voulions ou non. L’incroyable dynamique de Zemmour peut nous apparaître comme une belle promesse pour la cause nationale ; toutefois, notre cheval de bataille – la cause nationale – et nos idées, même si elles progressent, restent dans une position en retrait, évoluant en parallèle du système dominant, sinon même en dissidence. Nous ne faisons pas encore le poids ; et une guerre régulière ou conventionnelle engendrerait nécessairement notre défaite. L’élection présidentielle, qui est une opposition directe, se fait sur le terrain de l’adversaire et donc à notre complet désavantage. Prendre part aux règles de l’élection présidentielle reviendrait à accepter les règles du jeu de l’adversaire qui sont entièrement tournées à son avantage.

    Le lion et le renard

    Devant ce constat du déséquilibre des forces entre nous et nos adversaires, faisons sortir notre dernier as, ou plutôt italien, caché dans notre manche qui est Machiavel. Nous venons de le voir : l’opposition directe ou solide, celle de l’élection présidentielle, compromet nos plans et annonce une défaite inéluctable. Le penseur florentin parlerait à cet endroit de duel de lion contre lion puisqu’il disait : « Le lion en effet ne se défend pas des pièges, le renard ne se défend pas des loups. Il faut donc être renard pour connaître les pièges et lion pour effrayer les loups ». Pour l’instant, Zemmour fait une campagne de lion. Imposant ses thèmes privilégiés au cœur de la course présidentielle et faisant sauter des lignes longtemps « sacrées » et « intouchables » dans le débat public, le combat mené par le lion Zemmour force l’admiration.

    Sur le terrain de l’adversaire, il sait se montrer conquérant pour nous faire gagner de précieuses batailles idéologiques. Patrick Buisson avait dit de Sarkozy qu’il avait au moins le mérite d’avoir fait gagner cinq ans à « la cause du peuple ». Sans même être président, Zemmour en a déjà fait autant, voire plus. Cependant, il est peut-être temps de se faire renard. De quitter la force d’un Achille, ponctuellement, et de faire sienne la rouerie d’un Ulysse. Si Zemmour gagne en ce moment bataille sur bataille, il se peut qu’à l’approche de la Citadelle, quand viendralabataillefinale – l’opposition frontale au système lors de l’élection présidentielle –, il doive, lui aussi, faire face à son Général hiver qui déjouera sa dynamique. La stratégie du choc a ses limites ; et la prochaine étape, une éventuelle place au second tour, pourrait marquer son arrêt brutal. Peut-être alors serait-il plus judicieux de faire semblant de se retirer, de passer à une stratégie de l’évitement qui lui permettrait de revenir encore plus fort. Et c’est là qu’apparaît la chevelure à saisir, celle du Kairos (car on saisit l’occasion aux cheveux, opportunément) : son incapacité à récolter les 500 signatures.

    À la croisée des chemins comme il aime lui-même le dire de la France, deux options s’offrent à Zemmour. Soit il se fait le condottiere du « rassemblement des droites », glorieux et magnifique peut-être, mais dans une partie d’échec truquée d’avance. Alors possiblement arrivé au second tour – ce qui n’est même pas certain dans l’absolu –, il perdrait devant un adversaire encore trop fort qui ferait de lui sa caution « fasciste » et « brune » permettant à cette République de se maintenir en agitant son diable de carnaval – en l’occurrence Zemmour. Soit il devient un Prince selon la perception de Machiavel, ce qui signifierait l’incarnation d’un nouveau mythe politique. Ainsi bienque momentanément perdant, exclu de la course présidentielle faute des 500 signatures, il deviendrait, mécaniquement et pour toutes les raisons évoquées, le personnage central d’un mouvement de contestation du système qui porterait avec lui une capacité future de renversement politique éminemment plus conséquente.

    Dans la cour des grands hommes

    Au lieu de s’incarner dans un projet d’alternance gauche-droite ou progressiste-conservateur, Zemmour deviendrait ainsi l’incarnation d’une volonté collective beaucoup plus large. N’étant plus assigné au seul antagonisme horizontal gauche-droite, il pourrait ouvrir une nouvelle dimension à sa substance politique, en l’inscrivant dans l’axe vertical haut-bas, ou bloc élitaire et bloc populiste selon l’image de Jérôme Sainte-Marie. En en finissant avec la division euclidienne des petits personnages politiques, Zemmour aurait alors la possibilité d’entrer dans la cour des grands hommes politiques qui peuvent se réclamer, comme le général de Gaulle, de cette dimension « hors parti », en renouant avec les formes mythiques d’une pulsion nationale ou de l’incarnation de la conscience politique, privilège de quelques hommes.

    La balle est dans votre camp, monsieur Zemmour, et la chevelure du Kairos s’entremêle autour de vos doigts. À vous de la saisir ou de la laisser filer…

    Rodolph Cart (Site de la revue Éléments, 24 et 25 janvier 2022)

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  • Feu sur la désinformation... (361)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Les faits paraissent complètement fou. Alors que Jean-Michel Blanquer est dans la tourmente dans le cadre de l'Ibiza gate, une présentatrice d'émission sur la chaîne i24 vole à son secours. Il y a cependant un petit hic, la présentatrice en question est la femme de du ministre de l'Education Nationale ; information qu'elle n'a pas jugé utile de partager avec son public.
    • 2 - Les médias voient des nazis partout !
      Vous avez surement entendu parler ces derniers jours des 200 néonazis ayant exécuté des saluts hitlériens dans les rues de Paris. Problème, l'histoire est complètement bidon. D'une pigiste d'extrême-gauche au ministère de l'Intérieur, les fausses nouvelles circulent vite. Moussa Darmanin, mis dos au mur après sa grossière erreur, tente de rattraper la mise. Retour de Jean-Yves Le Gallou sur un bobard monumental en ce début d'année.

    • 3 - Revue de presse
      Commission Bronner et petits bobards audiovisuels, 2022 commence sur des chapeaux de roue.
    • 4 - Zemmour sur le handicap, la fabrique d'une polémique
      Les propos d'Eric Zemmour lors d'une petite réunion rurale lui ont valu plusieurs jours de controverse. C'est une proposition portant sur la prise en charge d'élèves handicapés par des centres adaptés à leurs besoins qui a mis le feu aux poudres. Jean-Yves Le Gallou explique les manœuvres des médias pour créer des controverses de toutes pièces.

     

                                             

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  • Droite, gauche, extrême centre et présidentielle...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et consacré aux perspectives politiques de ce début d'année.

    Ancien haut-fonctionnaire et homme politique, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018) et Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Droite, gauche, extrême centre et présidentielle. Entretien avec Jean-Yves Le Gallou

     

    Gauche, droite, « extrême centre » et Révolution française

    Guillaume de Tanoüarn : Les notions de droite et de gauche ont-elles encore un sens, après le passage d’Emmanuel Macron au pouvoir ?

    Jean-Yves Le Gallou : Emmanuel Macron c’est un peu l’extrême centre, l’extrémisme politiquement correct. Il porte massivement toutes les valeurs ou non valeurs de gauche assorties d’un libéralisme économique de façade. Il n’a en rien diminué le poids des impôts et des charges. En revanche, il a contribué à la destruction de l’Etat et à la vente des actifs français comme Alstom Energie, bradé à General Electric dans un accord fait par des banques d’affaire qui sont parmi les premiers soutiens financiers de la campagne d’Emmanuel Macron. Ce dernier apparaît comme un liquidateur du patrimoine français au service d’une superclasse mondiale qui l’a adoubé et choisi entre autres parce qu’il est membre de la French-American Foundation, du forum de Davos et du groupe Bilderberg.

    Guillaume de Tanoüarn : Diriez-vous que la France qui a inventé la Révolution française est un pays foncièrement à gauche ?

    Jean-Yves Le Gallou : C’est avec la Révolution Française, qu’apparaît le placement gauche/droite des élus dans les hémicycles et c’est vrai que depuis ce moment, on peut avoir l’impression que l’histoire est un glissement à gauche continu. Il y eut des assemblées de droite : en 1918 la chambre bleue horizon, en 1968 face aux événements de Mai 68, en réaction au joli mois de Mai de cette année-là. En 1986, aussi, par réaction au mitterrandisme, la droite est largement majoritaire à l’Assemblée. Dans ces trois cas, on constate plus ou moins la même chose : les chambres se trouvent frappées d’impuissance et contraintes de facto à renier les préférences de leurs électeurs. En matière de trahison de la droite, en 86, malgré son succès électoral et une première cohabitation, Chirac renonce à son programme sur l’immigration et l’insécurité, à la suite de l’exploitation de la mort de Malik Oussekine. En 1968 déjà, la chambre introuvable pourtant peuplée de gaullistes intransigeants et de réactionnaires authentiques avait cautionné tous les abandons : réforme de l’éducation nationale, de la souveraineté monétaire, lois liberticides, réforme du code civile autour de la famille etc.

    Guillaume de Tanoüarn : Le politiquement correct est-il d’origine française ?
    Jean-Yves Le Gallou : Il y a deux éléments qui permettent de répondre par l’affirmative à votre question : les lois liberticides et la propagande antiraciste ont commencé à s’implanter en France, avant de se répandre sur le reste de l’Europe. Quant au wokisme qui nous revient d’Amérique, on peut dire qu’il s’est formé, entre autres, à partir de ce que les Américains nomment la French Theory, ce grand courant de pensée où s’épanouissent les premiers déconstructeurs de Simone de Beauvoir à Michel Foucault et à Jacques Derrida..

    Guillaume de Tanoüarn : La gauche a-t-elle encore une existence politique aujourd’hui en dehors de son action culturelle ?

    Jean-Yves Le Gallou : D’un point de vue démocratique le pouvoir que la gauche exerce sur la société française est absolument insupportable. La gauche, aujourd’hui, écolos compris, représente à peine le quart du corps électoral mais elle contrôle la quasi-totalité du système médiatique et exerce sa férule sur le corps judiciaire. Quant au monde associatif, de gauche, il vit sous perfusion de subvention publique. Le paradoxe c’est que moins la gauche a d’existence politique plus elle existe en termes idéologiques. Pour reprendre l’expression de Guillaume Bernard, Il y a un mouvement dextrogyre dans l’opinion, c’est incontestable et de ce point de vue la gauche aujourd’hui n’est plus une force électorale. Mais demeure un mouvement sinistrogyre, en particulier chez les prescripteurs d’opinion. Pourquoi on n’en finit pas si facilement avec la gauche ? Pourquoi garde-t-elle une audience chez les intellectuels, même lorsqu’elle perd le peuple ? La gauche, en définitive, ce sont les Lumières : rationalisme, individualisme, progressisme et ruptures de tradition. Beaucoup d’analystes, dont tout récemment Michel Geoffroy dans le livre qui justement porte ce titre, sentent venir le crépuscule des Lumières, mais les révolutions culturelles, ou en l’occurrence les contre-révolutions culturelles, quand elles ne sont pas programmées par un pouvoir totalitaire sont beaucoup plus lentes à advenir que les évolutions politiques.

    Guillaume de Tanoüarn : Qu’est-ce qu’un gouvernement de droite?

    Jean-Yves Le Gallou : On peut citer quelques caractéristiques d’un gouvernement qui se dit de droite et d’abord la priorité du domaine régalien sur les domaines économiques et sociaux. On trouve aussi parmi les valeurs de droite le respect du patrimoine. La défense des traditions ne signifie pas le recroquevillement sur le passé. Elle signifie une défense et illustration de la transmission qui nourrit des innovations : « Nous sommes des nains sur les épaules de géants » comme on disait au Moyen-Age. La droite, c’est aussi la défense des libertés contre toutes les tendances centrifuges de l’étatisme. A l’Iliade, on résume cela en un mot : LIS : ce qui signifie : Libertés (au pluriel) Identité Souveraineté (à la fois souveraineté des peuples et souveraineté des nations).

     

    Éric Zemmour : diviser ou mieux gagner ?

    Guillaume de Tanoüarn : On reproche à Eric Zemmour ici ou là de diviser le camp national. Quel est son apport spécifique. Ne réside-t-il pas justement dans la défense de la civilisation chrétienne ?

    Jean-Yves Le Gallou : Dans cette campagne électorale, l’apport de Zemmour est immense. Il a redonné de l’intérêt à une campagne qui s’annonçait atone. Il a replacé au cœur du débat la question de l’identité et de ce que nous appelons, nous, la défense de la civilisation européenne et chrétienne. Je pense même que les « marinistes » devraient être infiniment reconnaissants de la candidature de ce nouveau venu en politique. Il a remis les thèmes immigration et insécurité dans le débat ; il a réveillé Marine Le Pen qui a été plutôt efficace ces derniers mois. Je me permets cum grano salis de citer un vieux proverbe africain : « Quand le lion court dans la savane l’antilope se remet à courir ».

    Guillaume de Tanoüarn : Y aurait-il un rapport entre Zemmour et Bruno Mégret, le fondateur du MNR ?

    Jean-Yves Le Gallou : Sur le plan des convictions, on trouverait j’en suis sûr beaucoup de points communs, mais les circonstances de la candidature de Zemmour à la Présidentielle sont radicalement différentes. Même s’il avait un passé RPR, Mégret venait de l’intérieur du FN. En revanche Eric Zemmour, aujourd’hui, vient de l’intérieur du système, c’est un atout important. Il y a aussi de grandes différences entre les deux personnalités : Mégret paraît plutôt réservé et introverti. Zemmour est beaucoup plus extraverti, et selon certains même parfois trop. Le moment aussi est différent : lors de la scission de Mégret, il n’y avait ni chaine d’information continue, ni médias alternatifs, ni Internet. L’équilibre des forces médiatiques a changé. Les médias mainstream restent très puissants mais ils ont perdu le monopole qu’ils avaient en 1999.

    Guillaume de Tanoüarn : Peut-on dire que la dite extrême droite en France est née de la trahison des droites ?

    Jean-Yves Le Gallou : Extrême droite n’est pas un terme de science politique mais de polémique politique qui désigne tous ceux qui refusent le politiquement correct sur les valeurs. Tout anticonformisme est, a été ou sera qualifié d’extrême droite. Dans les années 80, il y avait un problème croissant aux yeux des Français : le problème de l’immigration. En même temps c’était un problème interdit et donc un point aveugle du débat politique. Au début du Club de l’Horloge, Raymond Marcellin ancien ministre de l’Intérieur de 1968 à 1974, réputé homme de droite, sécuritaire, nous avait dit : « Surtout ne parlez pas d’immigration ». C’était un conseil de sagesse, pour qui voulait faire carrière, que nous n’avons pas suivi ; c’était pourtant l’époque d’Enoch Powel, le leader conservateur, dont le grand discours sur l’immigration avait ruiné la carrière. Les gens soucieux de paraître convenable avait prévu de ne pas parler d’immigration. Le génie politique de Jean-Pierre Stirbois et de Jean-Marie Le Pen fut de s’affranchir de ce tabou. Et c’est le fait qu’ils s’en soient affranchis qui a permis le développement du FN. Le Parti de Jean-Marie Le Pen a occupé l’espace politique que le RPR avait abandonné, par conformisme et crainte de la dénonciation. Pour revenir à votre question : qu’est-ce que l’Extrême-droite ? On désigne de cette façon dépréciative non pas un extrémisme, mais la droite qui a osé enfreindre les tabous, inventés par la gauche.

     

    Années 80

    Guillaume de Tanoüarn : Des tabous qui tournent beaucoup, dès les années 80, autour de l’immigration ?

    Jean-Yves Le Gallou : Je me permets de vous raconter une petite histoire personnelle, pour que vous compreniez l’atmosphère de cette époque. En 1985, j’avais publié chez Albin Michel La préférence nationale, un livre d’analyse, de diagnostic et de propositions sur l’immigration, un livre d’ailleurs qui reste ou redevient d’actualité. J’avais à l’époque longuement rencontré Alain Peyrefitte, ancien ministre du Général et président du comité éditorial du Figaro. Il m’a fait une explication de gravure qui a été décisive dans mon orientation postérieure : « Ce que vous dites dans ce livre est juste, ce que vous proposé est nécessaire mais nous (RPR) nous ne pourrons pas le faire. Les centristes, les gens comme Simone Veil, (qui venait de conduire la liste RPR UDF aux Européennes), ne nous le permettraient pas ». A l’époque cette conversation m’avait convaincu qu’arrivé au pouvoir le RPR dirigé par Chirac ne ferait pas les réformes nécessaire et c’est pour cela que j’ai rejoint Jean-Marie Le Pen. Ultime confirmation dans ce chemin, pour moi : l’opération culturelle conduite auprès des maires et des adjoints à la culture avec Aude de Kerros et d’autres venait d’être torpillée par le RPR.

    Guillaume de Tanoüarn : Le gaullisme est-il de droite ?

    Jean-Yves Le Gallou : Le gaullisme se veut ni de droite ni de gauche en ce sens qu’il cherche à rassembler les classes populaires et les classes bourgeoises sur la base d’un patriotisme partagé. De Gaulle fut parfois ambigu mais sa formation intellectuelle d’origine subit la double inspiration de Barrès et de Maurras, et l’influence des penseurs de la Révolution conservatrice allemande qu’il découvre pendant sa captivité en 1917 selon les travaux de François-Georges Dreyfus. C’est aussi l’homme qui définit la France comme un pays de race blanche de civilisation gallo romaine et de religion chrétienne. On trouve déjà cette longue période, souvent citée aujourd’hui par les hommes politiques et les journalistes, dans les Mémoires d’espoir. On en retrouve un verbatim dans le C’était De Gaulle de Peyrefitte.

    Guillaume de Tanoüarn : Le RPR, au début des années 80, sous Mitterrand, est-il un mouvement qui a un programme d’extrême-droite ?

    Jean-Yves Le Gallou : Dans les années 70- 80, Chirac occupait un créneau de droite souverainiste anti-immigration. Il était couramment surnommé « Facho Chirac ». Ses communicants, notamment sa fille Claude, l’ont convaincu de mettre de l’eau dans son gros rouge, pour se faire accepter par le système et par les médias. Ce qu’il a fait allant jusqu’à établir une muraille de Chine entre le FN et le RPR : il assurait ainsi pour 40 ans l’hégémonie de la gauche sur le paysage politique français. C’est cette hégémonie qui est mise en cause aujourd’hui. Ce que Zemmour tente de briser en attaquant frontalement les pouvoirs judiciaires, médiatiques et associatifs et en tentant de briser le cordon sanitaire entre la droite classique et l’extrême droite. Il est assez significatif que dans la cartographie de ses soutiens, le Monde souligne la présence de gens venus des deux rives.

     

    Regard sur la présidentielle

    Guillaume de Tanoüarn : Aujourd’hui que représente Valérie Pécresse, parmi les droites ? Le tandem Ciotti-Pécresse a-t-il un avenir selon vous ?

    Jean-Yves Le Gallou : Valérie Pécresse est surnommée par les mauvaises langues Valérie traitresse. Si elle a des convictions à géométrie variable, elle a un ancrage atlantiste extrêmement fort. Elle a fréquenté la French-American Foundation et le groupe Bilderberg comme Macron. Son mari Jérôme Pécresse qu’elle met en scène dans le cadre de sa campagne, est l’un des hauts dirigeants d’Alstom. Il a collaboré au raid de General Electric sur cette entreprise française. Si Valérie Pécresse devait succéder à Macron, cela signifierait que l’Etat profond américain garderait ses quartiers à l’Elysée. Quant à Ciotti il joue le rôle de Pasqua, rabatteur pour Chirac. Ce sera un Pasqua au petit pied, rabatteur électoral de Pécresse, mais lui-même non sans talent.

    Guillaume de Tanoüarn : Que faut-il penser de la division de la droite de conviction, droite que l’on trouve au RN, à Reconquête et chez les LR ? Est-elle définitive ?

    Jean-Yves Le Gallou : Il faut distinguer deux figures politiques différentes l’une de l’autre. Entre RN et Reconquête, rien n’interdira des alliances au deuxième tour ou pour les législatives. Il suffira que chacun des partenaires se montre un peu raisonnable. En revanche la stratégie de LR est de rester adoubé par le système, ce qui interdit toute entente avec ceux qui sont diabolisés : les électeurs modérés se laissent trop souvent dicter leur loi par les médias diabolisateurs.

    Guillaume de Tanoüarn : Vous soutenez Eric Zemmour alors qu’un homme de terrain comme Robert Ménard ne cache pas sa préférence pour Marine Le Pen. Qu’est-ce qu’apporte Zemmour à la présente campagne ?

    Jean-Yves Le Gallou : Si j’avais des chats à confier je choisirais Marine. Ce qu’apporte Zemmour ? De la vie, de la fraicheur, de la vérité. Il a mis les pieds dans le plat. Assez drôlement, Ménard a un comportement que l’on peut rapprocher de celui de Jean-Marie Le Pen dans cette campagne : un coup j’encourage Zemmour ; un coup je renouvelle mon soutien à Marine Le Pen. C’est aussi une manière de rester dans l’angle des caméras. Quand les sondages montent pour Zemmour, il soutient Zemmour. Quand ils montent pour Marine, il soutient Marine. Ça ne porte pas à conséquences.

    Guillaume de Tanoüarn : Le vrai pouvoir n’est-il pas le pouvoir des juges plutôt que le pouvoir des politiques ?

    Jean-Yves Le Gallou : La vraie question, dirais-je, est de rendre le pouvoir à l’exécutif présidentiel. Le pouvoir est aujourd’hui accaparé par des juges sans aucune légitimité démocratique. Le pouvoir des juges s’est construit autour du dogme de l’Etat de droit censé défendre les libertés. Mais en validant la quasi-totalité des dispositions liberticides de la dictature sanitaire, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’Etat ont montré qu’ils ne défendaient en rien les libertés des Français. Les seules libertés qu’ils défendent étant celles des étrangers, des clandestins, des délinquants, et des lobbies minoritaires, la majorité des Français n’a rien à en attendre. Leur légitimité judiciaire est sans fondement.

    Jean-Yves Le Gallou, propos recueillis par l’abbé Guillaume de Tanoüarn (Polémia, 8 janvier 2022)

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